Installé à Saint-Barthélemy depuis huit ans, Pierre-Antoine Guibout est juriste de formation et entrepreneur dans l’âme. Très vite, il se rend compte de l’impact désastreux des sargasses sur les plages de l’île et commence des recherches pour voir ce qu’il est possible d’en faire.
Son premier projet : les transformer en cirage, pour la marque Cygne Noir dont il est propriétaire. Mais cela n’abouti pas, incompatibilité chimique.
Il décide alors de les utiliser dans le packaging du cirage et tente des premières expériences, dans sa cuisine.
Au bout de plusieurs mois de travail, l’alchimie opère enfin et Pierre-Antoine arrive à faire une pâte qui, en séchant, ressemble de plus en plus à une feuille de papier…
Pierre-Antoine se rapproche alors du laboratoire CEVA, Le Centre d’étude et de valorisation des algues pour faire certifier sa création.
Les premiers résultats s’avèrent plus que positifs : ils montrent en effet que la pâte à sargasse a les mêmes propriétés cellulosiques que le papier et carton. Mieux encore, les analyses de métaux lourds montrent des teneurs équivalentes à celles classiquement mesurées sur des papiers et cartons d’emballage…
L’aventure peut commencer !
Suite à ces premières découvertes, Sargasse Project est retenu comme lauréat de la catégorie Start du Concours Innovation Outremer. Sur les 130 candidatures, 22 finalistes seulement ont été retenus. Lors de la soirée de remise des prix, les participants ont été invités à pitcher leur projet devant un public de 400 personnes et l’ancienne ministre des Outre-Mer, Annick Girardin :
“Transformer nos freins en opportunité, ça c’est un beau message“. Exprime t’elle.
Sargasse Project a reçu également le coup de coeur du jury lors du pitch ‘Act for Impact” by BNP Paribas, à l’occasion du Change Now Summit.
Dans les prochains mois, l’objectif de Sargasse Project est d’installer une première fabrique « pilote ».
D’une surface de 150 mètres carrés environ, il devrait traiter quelque 6.000 tonnes d’algues échouées sur l’île et les transformer en plaques de 250 kilos chacune. Une matière première qui sera ensuite livrée aux industriels intéressés par la fabrication de matériaux plus respectueux de l’environnement.
Si les résultats commerciaux sont au rendez-vous, l’objectif sera de dupliquer le même type d’unité de production sur d’autres îles de la Caraïbe, notamment en Guadeloupe et en Martinique.
Et ensuite, puisque les sargasses constituent une ressource dont les volumes disponibles sont aléatoires, l’entreprise compte s’intéresser à la valorisation d’autres espèces d’algues…